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MIPS FM | 07h41 | Quelques heures après le sacre de Tim Duncan et de son Spurs en NBA

Retrouvez chaque jour l'analyse d'une rencontre de la Coupe du Monde 2014 disputée au Brésil, tête d'affiche ou pas.

Quatrième affiche de #UnJourauBrésil : Gagner en Coupe du Monde n'est pas impossible pour un Français

 

Groupe E
France 3-0 Honduras

45' Karim Benzema (p) / 48' Noel Valladares (c.s.c.) / 72' Karim Benzema

 

Les Français ont l'impression de se réveiller un lendemain de 12 juillet 1998, date d'une victoire mythique pour le football français. Un score de 3-0, ça parle à tous les supporters des Bleus. L'euphorie passée, la réalité reprend le dessus : cette large victoire a été obtenue - lundi 15 juin 2014 - face une modeste formation du Honduras. La faiblesse technique du collectif, emmenée par le sélectionneur Luis Fernando Suárez fut compensée par une violence des plus gratuites. Didier Deschamps en a vu d'autres. Le sélectionneur de l'Equipe de France n'avait qu'une obsession : éviter de tomber dans ce piège tendu par les coéquipiers de Wilson Palacios, acteur important de cette rencontre. Mission réussie pour les Bleus, autant au tableau d'affichage que dans le jeu. Mais un jeune homme a bien failli mettre à mal le plan de DD. Aussi talentueux qu'indiscipliné, Paul Pogba détonne autant par sa précocité technique et physique que par ses gamineries répétées.

Retour sur un homme qui était à deux orteils de faire capoter les plans du professeur Deschamps. Et la soirée des supporters avec.

 

Pogb'attitude, par définition

Il est comme ça Paul Pogba. Aussi généreux sur les terrains de foot que dans les salons de coiffure. Son truc à lui, c'est le Kolossal excès. Mettons le paquet, pourvu qu'on me voie. Et ce n'est pas son coiffeur attitré qui s'en plaindra. Le joueur de la Juventus de Turin a un leitmotiv : en mettre plein la vue, en sortant de temps en temps du match, quoi qu'il en coûte. Une véritable Pogb'attitude. En mettre plein la tartine en Serie A voire en Europe League, c'est bien. Savoir tempérer ses gestes en phase finale d'une Coupe du monde, c'est mieux. Et ce n'est pas la Desch' qui s'en plaindrait.

Au cours du premier match de préparation des Bleus face à la Norvège (victoire 4-1, le 27 mai 2014), le milieu de terrain français avait abusé de gestes techniques suite à son but marqué. Didier Deschamps n'avait pas manqué de pointer du doigt cet excès de confiance. Dans la foulée, Paul Pogba s'était fait discret. Il avait promis à son coach qu'on ne l'y reprendrait plus. Trois semaines plus tard, le numéro 19 du maillot frappé du coq récidive. Mais cette fois en Coupe du monde.

La scène se déroule à la 26ème minute du match d'ouverture face au Honduras. Après la séance Joga Bonito au Stade de France, Paul Pogba s'essaie à la lutte gréco-romaine sur le tapis vert brésilien. Suite à une charge appuyée d'un adverse hondurien, "Pogboom" se retrouve la tête dans le gazon. Sans se faire prier, le footballeur-lutteur termine son sale travail en essuyant ses crampons sur une jambe de l'homme à la crête d'or. Manque de pot pour ses coéquipiers, le numéro 8 de la sélection hondurienne s'est attaqué à un individu qui aime lui aussi en rajouter. La Pogb'attitude ne peut laisser passer ce genre de comportement. Le contexte international ne change rien à l'affaire. C'est une question de fierté. Le natif de Seine-et-Marne lève immédiatement la jambe pour marquer son territoire, et faire tomber à son tour son combattant du soir. Un réflexe légitime pour un homme de combat. En conférence de presse, Didier Deschamps évoquera même un geste de "réaction". En clair, un pétage de plombs sans raison valable. Ce sursaut d'orgueil aurait pu lui valoir une exclusion. Il s'en sortira, tout comme Palacios, avec une biscotte d'une teinte plus édulcorée. Ses coéquipiers Yohan Cabaye et Patrice Evra écoperont de la même condamnation avec sursis.

S'en est trop pour DD. Excédé par ce manque de professionnalisme, il profitera de la pause pour montrer à Pogba et aux deux autres trublions qui est le patron dans la maison bleue." Paul subit une faute grossière [...]. Je n'ai pas averti que lui (au cours de la mi-temps, ndlr), mais également Patrice Evra et Yohan Cabaye du fait qu'ils avaient été avertis en première mi-temps, du fait de faire attention." Didier Deschamps surenchérira : " Ca ne porte pas à conséquence aujourd'hui mais ça aurait pu. " Les mots prononcés, sans doute virulents, resteront enfermés dans les vestiaires. La méthode Deschamps a porté ses fruits : Pogba ne sera pas le Zidane de 1998, essuyeur de crampons sur le dos d'un saoudien au cours d'un match de poule. A l'époque, Zinedine avait écopé de deux matchs de suspension.

Paul Pogba n'évolue pas au même poste que le maître. Il n'en a ni la prétention, ni les caractéristiques propres. Son bagage technique apporte tout de même à l'Equipe de France une alternative au tout physique prônée par le Honduras.

 

Pogba, de la technique à la disposition du (beau) jeu

Il est aussi comme ça Paul Pogba. Au service du collectif, histoire de se faire plaisir tout en se pliant en quatre pour ses coéquipiers. Pogba alternera jeu long et jeu court avec justesse. Les bénéficiaires seront Mathieu Debuchy, arrière droit du soir et Karim Benzema, l'homme du match. Ce dernier sera le premier à bénéficier des offrandes du milieu de terrain. Le tout se passe à la 41ème minute. Après un raid solitaire avorté, Paul Pogba se décide à renverser le jeu vers Benzema. Libre de tout marquage dans la surface de réparation adversaire, l'attaquant du Real Madrid prend sa chance depuis un angle très fermé. Sa tentative échoue. Mais ce n'est que partie remise pour Benzema et pour Paul le Poulpe.

Deux minutes plus tard, Paul Pogba choisit de se mêler à la bataille des dix-huit mètres, histoire de forcer la décision avant que monsieur l'arbitre ne se décide à renvoyer tout ce joli monde aux vestiaires. Dans la zone de vérité, "Pogboom" sort son côté face : technique et malice. A la réception d'un centre venant de la droite, Pogba choisit la poitrine pour contrôler le ballon. Le geste du technicien de surface par excellence. L'international français se voyait déjà fêter son but avec son pote Blaise. C'était sans compter sur Palacios, le phénix oxydable. L'homme vole avec une aisance toute singulière vers une expulsion méritée.

Le milieu de terrain de Stoke City décide de marquer sa présence en appliquant un bon coup d'épaule dans le dos de l'international français. La faute à sa surcharge pondérale, évidemment. Une aubaine pour K-Rim. Auteur de dix-sept buts au cours de la dernière saison avec le Real Madrid, le numéro 10 de l'Equipe de France met toute sa confiance au service du collectif. Tel Pogba, tel Benzema. Ce dernier transforme le penalty. La France prend une longueur d'avance face au Honduras. Et Pogba s'offre trente minutes de récupération en plus que ses coéquipiers. Satisfait de ce changement de comportement, Didier Deschamps sortira son numéro 19 à la 57ème minute, au profit de Moussa "Pousse-et-va" Sissoko. Entre-temps, la France s'était mise à l'abri avec un but contre-son-camp de Valladares, le portier du Honduras. Avec la confirmation de la technologie sur la ligne de but, une première du genre.

Le reste du match se résumera à une séance de passes à dix forte agréable autant pour les joueurs que les fans des Bleus. "La Benz" comptera jusqu'à soixante-douze pour corser l'addition, en mode renard des surfaces. La 72ème minute donc coïncidera avec le troisième but inscrit par les français. Et voilà trois points dans la besace française, face sans doute à la plus modeste équipe de ce Mondial.

 

Emballé, c'est pesé : la France remporte officiellement sa première rencontre en Coupe du Monde depuis 2006, et un certain France-Portugal. Cette demi-finale consacrera Zinedine Zidane et son aisance à transformer les penaltys. La suite, tout le monde la connaît. Huit ans après le coup de boule de ZZ, Didier Deschamps veut s'épargner un nouveau pétage de plombs, quel que soit le stade de la compétition. "Impossible n'est pas français" lit-on sur le car des Bleus. Un slogan que Paul Pogba pourrait adopter, histoire de chasser sa bipolarité, un brin dangereuse et susceptible de briser un rêve bleu qui se forme dans les têtes de tous les supporters français.

 

MIPS F.M.

 

Ils sont 60 millions derrière lui... et 10 à jouer avec - Crédits : FFF

Ils sont 60 millions derrière lui... et 10 à jouer avec - Crédits : FFF

Tag(s) : #Pogba, #Benzema, #France, #Honduras, #Coupe du Monde, #UnJourauBrésil, #Pogb'attitude, #Mips FM
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