Quand Cruyff imitait « l'enfant terrible » du football belge

MIPS FM | 24/03/2016 à 13h45 | « Non, moi je ne suis pas le meilleur latéral droit du monde, je suis le meilleur latéral de Ligue 1. Dans le monde, il y a du monde, il y en a beaucoup, il y a Lahm, Dani Alves...». Serge Aurier, latéral droit du Paris Saint-Germain, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 février 2016, en réponse à une question d’un contributeur du réseau social Periscope.

Un génie en cache souvent un autre. Cinquante-neuf ans séparent la combinaison outrancière réalisée sur penalty le 14 février 2016 par le duo Messi-Suarez et le premier penalty du genre créé (et réussi) par Rik Coppens et André Piters. Henri "Rik" Coppens, l'enfant terrible du football belge s'était illustré en juin 1957 au cours d'une rencontre opposant sa Belgique natale à l'Islande en inventant le penalty en binôme.

Entre-temps, la tactique inventée par le premier lauréat du Soulier d'Or Belge*, décédé il y a tout juste un an, a été plagié pas un certain Johan Cruijff, joueur fantasque de la sélection batave et de l'Ajax d'Amsterdam, décédé des suites d'un cancer du poumon en ce jeudi 24 mars 2016 à l'âge de 68 ans. 

Messi, falsificateur par procuration

Lionel Messi et Luis Suarez ont profité d'un match de championnat face au Celta Vigo, assimilable à une énième séance d'entraînement avant la double confrontation face à Arsenal en 1/8e de finale de la Ligue des Champions, pour réaliser - et réussir - un penalty en duo. La Pulga est à la baguette pour délivrer une seconde passe décisive au pistolero uruguayen, lui permettant d'inscrire le quatrième des six buts catalan de la soirée (victoire 6-1). Le quintuple Ballon d'Or Lionel Messi s'est inspiré - sans le savoir ni même le connaître - de Rik Coppens.

Acquis en 1957, le titre de propriété du penalty tiré en deux temps a emprunté les courants de l'Escaut pour atterrir un quart de siècle plus tard dans les pieds de Johan Cruijff en 1982. Le Hollandais volant s'était illustré en décembre 1982 au cours d'un match d'Eredivise en réalisant un une-deux en pleine surface de réparation avec le danois Jesper Olsen. Le geste réalisé par les deux comparses de l'Ajax Amsterdam avait fait le tour du monde et marqué toute une génération de footballeurs en phase de formation ne jurant que par le concept de « Football Total ».

Henry-Pirès, acte manqué

Thierry Henry admirait les gestes fantasques réalisés par le Pelé Blanc. Le prince d'Highbury, écrin de l'équipe d'Arsenal jusqu'à son déménagement du côté de l'Emirates Stadium en 2008, s'est acoquiné à l'automne 2005 à son partenaire en sélection Robert Pirès pour imiter son idole néerlandais dont il portait le mythique numéro 14. Les répétitions générales, effectuées à la veille d'un match contre Manchester City, permettent de reproduire trait pour trait le tableau original : le ballon est mis sur la gauche par Robert Pirès et le but marqué de l'intérieur du pied droit par Thierry Henry. L'ancien coéquipier de Juan Riquelme à Villareal ou Sylvain Kastenduch au FC Metz confiait au site So Foot en juillet 2015 que « dans la tête de Thierry, tout était clair, net, précis, clarifié ». 

Un grain de sable viendra enrayer le plan machiavélique du duo de farceurs : l'inversion impromptue des rôles. « Cinq minutes avant (le penalty, ndlr), il y avait eu un penalty et c'est moi qui l'avais marqué. Quand l'arbitre siffle un deuxième penalty, Thierry m'a dit : "Robert, on fait le penalty à deux, mais on inverse les rôles !" Et là : grosse panique », avoue l'ancien ailier des Gunners dans ce même entretien. Avant d'ajouter : « [...] À l'arrivée, j'ai eu comme on dit un blackout et je ne sais pas pourquoi mon pied s'est tétanisé, s'est arrêté au moment de toucher le ballon... C'était une situation très très étrange».

Le coup de main se termine en pugilat pour les deux joueurs offensifs, l'arbitre sifflant un coup franc en faveur de la défense. « Normalement le penalty est à retirer parce que le ballon n'a même pas fait un tour sur lui-même, je l'ai effleuré. C'est ça le pire dans l'histoire : l'arbitre n'était même pas au courant qu'on pouvait faire ça », conclut Robert Pirès. Une glissade incontrôlée pour l’ex-égérie du shampooing Pétrole Hahn. Une pelouse mal entretenue pour justifier cet acte manqué constitue une excuse irrecevable aux vues des billards ornant les stades des équipes évoluant sur le sol britannique. 

Florent Motey 

*Le Soulier d'or Belge est une distinction annuelle décernée par l'URBSFA (Union Royale Belge des Sociétés de Football-Association) au meilleur buteur du championnat belge. Le trophée fut créé en 1954 par le quotidien belge Het Laatste Nieuws.