Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MIPS FM | 10h32 | Quelques jours après un come-back électoral du côté de Copacabana

 

Mieux que les recettes de grand-mère, les remèdes de coach. Retrouvez après chaque journée de championnat - français ou étranger - une analyse en trois phases des interventions chirurgicales des entraîneurs sur leur équipe au cours d'un match.

 

Troisième entraîneur mis sur le grill par MIPS FM : Leandro Jardim, ou l'homme qui doit composer avec un effectif amputé de Falcao et James Rodriguez, partis vers d'autres cieux...

 

Paris Saint-Germain 1-1 AS Monaco
71' Lucas / 90'+2' Anthony Martial

 

Huit fois rejoint au score après avoir ouvert le score. Tel est le constat chiffré - et cruel - du début de saison parisien. Tous les indicateurs nationaux étaient en niveau d'alerte maximal pour le Paris Saint-Germain à quelques minutes d'affronter les hommes de Leandro Jardim pour clôturer cette septième journée de Ligue 1.

L'AS Monaco s'est fait un malin plaisir de réduire à néant le bon travail de Lucas, auteur de l'ouverture du score (71') en égalisant à quelques minutes du terme de la rencontre par l'intermédiaire d'Anthony Martial (90 '+2').

Les joueurs parisiens se sont confrontés à un tacticien fraîchement arrivé du Portugal. Son nom ? Leandro Jardim. Contenir, encaisser tout en répondant avec ses armes, tels sont les préceptes du successeur de Claudio Ranieri à la tête de l'AS Monaco. Quitte à enchaîner un quatrième match nul d'affilé sur le même score (1-1) face au champion de France en titre.

Retour sur un remède de coach sorti tout droit d'un expert dépourvu de carrière footballistique au niveau professionnel...

 

1- Contenir avec maîtrise

Le couperet fut double pour Leandro Jardim au lendemain de la défaite contre l'OGCNice. Le Derby de la Côte d'Azur fut perdu par les monégasques au Stade Louis II (0-1) et le technicien devait se résoudre à perdre Jérémy Toulalan pour affronter une semaine plus tard l'ogre parisien. Pour palier à ce contretemps lié à une accumulation de cartons jaunes - trois en huit matchs-, Leandro Jardim a fait appel à une jeune recrue, Tiémoué Bakayoko. Un choix étonnant aux vues du nombre de titularisations affichés au compteur de l'ex joueur du Stade Rennais. Tiémoué Bakayoko n'avait débuté qu'une seule rencontre sous les couleurs du club de la Principauté depuis le début de la saison. Le numéro 14 des Rouge et Blanc fut même sorti par son entraîneur au bout d'une demi-heure de jeu. C'était contre Lorient pour le compte de la 1ère journée de championnat - défaite à domicile 1-2. Après cet épisode, le jeune homme âgé de 20 ans a donné satisfaction à son entrâineur au cours des différentes séances d'entraînement du côté de la Turbie. Deux mois plus tard, le voilà prêt à prendre les clés de la récupération face au double champion de France. L'international espoir répondra avec sérieux et talent aux exigences de son entraîneur.

Contenir avec maîtrise. Voilà la demande explicite transmise par Leandro Jardim à son trident formant l'entrejeu des Rouge et Blanc. Déjouant tous les pronostics, le remplaçant désigné de Claudio Ranieri propose un dispositif en 4-4-1-1 avec un Joao Moutinho en soutien de Lucas Ocampos, Valère Germain faisant les frais de la titularisation surprise du numéro 11 de l'AS Monaco. L'objectif affiché par le technicien portugais est clair : contenir pour mieux contrer, quitte à laisser la possession du cuir aux hôtes du soir. Les parisiens le conserveront 70% du temps au cours des vingt premières minutes. La vitesse de Lucas Ocampos combiné à la présence de Yannick Ferreira-Carrasco et Nabil Dirar sur les côtés et la finesse d'un Moutinho en meneur de jeu permet à Leandro Jardim de mettre en place ce genre de plan périlleux. 

Délesté de toutes tâches liées à la récupération du ballon, Joao Moutinho est prié de presser les premiers relanceurs parisiens. Et il le fait plutôt bien. Derrière lui, prière de contenir. Les deux ailiers sont postés très bas sur le terrain, Tiémoué Bakayoko et Geoffrey Kondogbia s'attachant à camper le rôle des essuis-glaces devant une défense expérimentée - Ricardo Carvalho et Andrea Raggi sont accompagnés de Fabinho et Layvin Kurzawa sur les côtés. Les deux rideaux défensifs de quatre joueurs sont bien visibles. Javier Pastore peut s'engouffrer entre les lignes.

 

2- Encaisser sans broncher

Le capricieux du Parc aime choisir ses rencontres. Après un match plein face au FC Barcelone en milieu de semaine (victoire du Paris Saint-Germain 3-2), Javier Pastore a régalé ses fidèles et les plus sceptiques contre les monégasques. Pour le moment.

Le rôle dévoué à l'ancien partenaire d'Andréa Raggi est enfin en adéquation avec ses aptitudes : technique hors-pair, finesse du toucher de balle, capacité à se faire oublier, Javier Pastore s'engouffre entre les lignes au plus grand bonheur de ses partenaires. Présent dans un 4-3-3 avec une position de départ sur le flanc gauche de l'attaque parisienne, le numéro 27 du Paris Saint-Germain se rend disponible. Et ses coéquipiers le lui rendent bien. Javier Pastore joue d'abord un mauvais tour à Raggi en se faisant oublier au second poteau mais sa remise en direction de d'Edinson Cavani sera contrée par le dos de l'ancien partenaire de Palerme (5').

Petit pont bien senti, talonnade singulière, coup de rein dans le bon timing, l'international argentin mystifiera chaque joueur osant croiser sa route. Layvin Kurzawa en fera les frais peu après l'heure de jeu. Dépassé par le jeu de jambes de l'argentin, le latéral gauche ne peut intervenir et le laisse centrer. Dans la surface, un seul coéquipier est présent en la personne de Lucas. Edinson Cavani reste spectateur. Une attitude transparente que l'international uruguayen gardera tout au long de la rencontre et qui lui vaudra d'être villipendé par la presse hexagonale.

Depuis le départ d'Éric Abidal, il est devenu le véritable patron de la défense monégasque. Et un porteur de brassard légitime aux yeux de son compatriote d'entraîneur. Ricardo Carvalho en impose par son charisme et son jeu propre. À bientôt trente-cinq ans, de retour en  - Ricardo Carvalho a été rappelé en renfort pour disputer les deux prochains matchs de qualification pour l'Euro 2016 -, l'ancien protégé de José Mourinho à Porto puis à Chelsea atteint l'âge mur. Et l'attitude parfaite. De la position de dernier rempart décisif à celle de premier relanceur méthodique, l'ex-pensionnaire de la Casa Blanca madrilène est le capitaine courage de l'AS Monaco.

Ricardo Carvalho se plaira à désamorcer la première offensive construite effectuée par les hommes de Laurent Blanc. Il stoppera la montée d'un Blaise Matuidi se projetant éternellement vers la surface adverse (20'). Quatre minutes plus tard, l'homme à la calvitie précieuse sortira de manière prompt jusqu'au quarante mètres pour contrer une tentative d'ouverture de Javier Pastore à destination d'Edinson Cavani, titularisé en position d'attaquant de pointe ce soir-là.

Leandro Jardim balbutiait ses compositions défensives en début de saison. Un coup avec Nabil Dirar dand une position inédite de latéral droit (à l'occasion de la 1ère journée face aux Girondins de Bordeaux), une autre fois avec Andrea Raggi, puis une association en charnière centrale avec le même Raggi et Aymen Abdennour et enfin un duo Carvalho-Abdennour. Certains observateurs avaient même songé à voir reculer Jérémy Toulalan d'un cran, histoire de lui remémorer de "singuliers" souvenirs engrangés sous la tunique lyonnaise... Il n'en fut rien. Jardim a pris son temps, concédé l'indisponibilité (un mois minimum) d'Aymen Abdennour début septembre pour une blessure aux ischio-jambiers, et effectué - sans doute - un pèlerinage du côté du Sanctuaire de Fátima. Et les récents résultats épousent enfin son calme olympien.

L'AS Monaco est en tête de sa poule de Ligue des champions après deux journées en affichant quatre unités au compteur. Côté hexagone, la défaite à domicile face au voisin niçois puis le match nul arraché sur la pelouse du Parc reflètent néanmoins quelques failles à colmater.

Sur un débordement anodin de Maxwell Sherrer, Fabinho est complètement absent (37'). Son laxisme sur le marquage de l'international brésilien aurait pu permettre aux parisiens d'ouvrir la marque dès le premier acte de cette rencontre. Ricardo Carvalho préfère s'attarder sur Marco Verratti, nouveau buteur de la Ville Lumière en milieu de semaine face au FC Barcelone - son premier but sous les couleurs parisiennes en 92 rencontres disputées. Le portugais sera - pour une fois - aux abonnés absents. Edinson Cavani aussi.

Le remplaçant par défaut de Zlatan Ibrahimovic, indisponible jusqu'à nouvel ordre, ne peut qu'effleurer le ballon de son cuir chevelu généreusement garni. Matuidi peut d'ailleurs se prendre la tête à deux mains : son coéquipier vient tout de lui enlever une balle de but dans les six mètres.

Le couperet tombera à une vingtaine de minutes de la fin. Jean-Christophe Bahebeck, l'un des derniers rescapés de la génération pré-qatari du centre de formation du club francilien, revient de loin. Auteur d'une saison catastrophique sous la tunique du relégué Valenciennes, du moins sur le plan des statistiques - deux buts inscrits en 30 titularisations, le fidèle des produits Dark & Lovely sur le territoire français ne s'est pas limité à flamber ses cheveux au cours des matchs de préparation. Profitant du retour tardif à l'entraînement des participants à la Coupe du monde en territoire auriverde, le pestiféré de Stade du Hainaut a profité des matchs amicaux d'avant-saison pour se refaire une santé. Avec six buts et trois passes décisives déposés sur la feuille de "stats" chère aux experts d'Opta, Jean-Christophe Bahebeck a été deux fois plus efficace au cours de cette période que... Zlatan Ibrahimovic. C'est donc tout naturellement que l'entraîneur du Paris Saint-Germain a fait appel à ses services suite aux indisponibilités conjuguées d'Ezequiel Lavezzi, Zlatan Ibrahimovic et le départ à Bastia - sous la forme d'un prêt sans option d'achat - d'Hervin Ongenda. Le parisien de coeur ne s'éternisera pas pour justifier les choix de Laurent Blanc. Le numéro 29 fêtera sa première titularisation de la meilleure des façons en ramenant le nul de Toulouse (1-1, le 27 septembre 2014). Jean-Christophe Bahebeck se révélera tout aussi décisif une semaine plus tard face aux monégasques en servant Lucas dans les meilleurs conditions pour l'ouverture du score (71'). Son entrée permettra à toute l'équipe de monter d'un cran en trouvant un semblant de dynamisme.

L'AS Monaco est condamné à encaisser cette mauvaise nouvelle sans broncher. Jusqu'au dernier changement tactique opéré par le technicien portugais.

 

3- Répondre avec ses armes

Le premier plan de Leandro Jardim est tombé à l'eau. Ocampos ne s'est procuré qu'une seule véritable occasion en début de match. L'AS Monaco est mené au score et ne souhaite qu'une seule chose : revenir à la marque. Pour ce faire, l'entraîneur portugais va faire appel à l'une de ses jeunes pousses pour mener la bataille de front. 

Anthony Martial était arrivé en Principauté avec le statut de futur étoile du football hexagonal. Encore mineur, il sera transféré à l'été 2013 de l'Olympique Lyonnais à l'AS Monaco pour la somme élevée de 5 millions d'euros. Un an plus tard, Anthony Martial n'a disputé qu'une dizaine de matchs sous les couleurs de son nouveau club. Il se révélera décisif face au Paris Saint-Germain dans une position d'attaquant de pointe. Son dynamisme, caractérisé par des appels de jeu incessants, déboussolera une équipe parisienne aspirée par la protection de sa surface de réparation. Une attitude défensive qui rappellera les heures les plus sombres du Paris Saint-Germain à la fin des années 2000 lorsque le club flirtait avec la zone de relégation. Le but égalisateur d'Anthony Martial, survenu à la deuxième des trois minutes du temps additionnel, interviendra comme un coup de poignard asséné dans le poitrail d'un ennemi un jour de guerre de tranchées. Le mal est fait. La pilule est dure à avaler pour des supporters parisiens qui se voyaient déjà avec le verre de soda dégoté au premier fast-food bondé de la Place de la Porte de Saint-Cloud.

 

Le Paris Saint-Germain s'est fait un spécialiste malsain du jeu du chaud-froid avec ses fans et ses observateurs avisés depuis le début du la saison au niveau national. "On (avait) besoin de ce match contre le FC Barcelone pour hisser notre niveau de jeu" avouait Matuidi en comparaison des performances de son équipe en Ligue 1.

Le constat est fait. Il ne reste plus qu'à mettre un terme à cette mode de l'alternance en fonction de la compétition disputée par les joueurs de la capitale. L'Olympique de Marseille, surfant sur une série de huit matchs d'affilé sans défaite, n'apprécierait que trop bien cette bipolarité du nouveau riche qatari-francilien.

 

MIPS F.M.

 

Jardim : un vrai-faux air de toubib - Image : bfmtv.com

Jardim : un vrai-faux air de toubib - Image : bfmtv.com

Tag(s) : #Football, #AS Monaco, #PSG, #Paris Saint-Germain, #Ligue 1, #Tactique, #Laurent Blanc, #Leandro Jardim, #RemèdedeCoach, #Mips FM
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :