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MIPS FM | 15h17 | Le jour où l'Etat Islamique accélère son opération d'élimination d'individus venus des Etats-Unis

 

Mieux que les recettes de grand-mère, les remèdes de coach. Retrouvez après chaque journée de championnat - français ou étranger - une analyse en trois phases des interventions chirurgicales des entraîneurs sur leur équipe au cours d'un match.

 

Deuxième entraîneur à portée de la queue de billard de MIPS FM : Philippe Montanier, l'homme qui osa un jour dire non à la Ligue des Champions à la tête d'un club espagnol pour venir se frotter à la lutte au maintien en France


Stade Rennais 1-1 Paris Saint-Germain 
45' Zoumana Camara / 56' Paul Georges "PG" Ntep

 

Trente-sept secondes. Paul-Georges Ntep s'est accordé cette poignée de secondes pour rendre la confiance transmise par son entraîneur par un but. L'attaquant rennais, rentré peu avant l'heure de jeu, a permis à son équipe de revenir au score face au double champion de France en titre. Et de résister jusqu'au coup de sifflet final pour empocher le point du match nul. Un résultat qui semble satisfaire les joueurs de Philippe Montanier.

Le buteur du soir s'est mué en porte-parole du collectif breton. "On savait qu'on pouvait faire un match nul chez nous. Ressortir avec un point et rester dans la première partie du classement, ça fait plaisir." Le Stade Rennais se classe provisoirement au cinquième rang, à une unité seulement de son adversaire du soir.

Une conclusion quasi-inespérée pour une formation qui a connu un été agité, autant au niveau des arrivées que des départs. Fort de sa réussite du côté de la Real Sociedad, Philippe Montanier arrivait avec le plein d'ambition en terre brétillienne. Force est de constater que la route vers le beau jeu à l'espagnole version rennaise est encore longue pour le technicien français.

Retour sur le bout de sparadrap déposé par Montanier sur la jambe de bois du club à Pineau. En trois étapes s'il vous plaît.

 

Première étape : le diagnostic forcé

L'effectif change mais la tactique reste la même au Stade Rennais : la plus sécurisante possible. Le dispositif en 4-5-1 semble la formule privilégiée par Phlippe Montanier depuis le début de la saison. Fort de son succès de l'autre côté des Pyrénées à la tête de la Real Sociedad, Montanier arrive à la tête du Stade Rennais en juin 2013 avec un plan ambitieux : remettre le (beau) jeu au coeur de Rennes. 

"Je reste persuadé que pour gagner durablement, il faut bien jouer." déclarait Philippe Montanier aux journalistes de Sud-Ouest quelques heures après l'officialisation de son départ de San Sebastian

Après une première année difficile à la tête du club breton avec un maintien arraché in-extremis dans les dernières journées du classement, le technicien français avait dû très vite assurer ses arrières - et le maintien du club - en m'étant de côté ses velléités de jeu. Pour relancer la machine, le club a consenti à effectuer de nombreux changements.

Après le départ de Pierre Dréossi en juin 2013, manager général de Rennes depuis juin 2002, les dirigeants n'ont pas réussi à se séparer de joueurs dépourvus de bagage technique et d'un semblant de professionnalisme. Philippe Montanier a donc dû faire avec les moyens du bord. 

Pour mener à bien ce nouveau projet, l'ancien entraîneur de Valenciennes se tourne d'abord vers des joueurs issus du football latin. L'attaquant du club argentin CA Lanus, Silvio Romero accompagne le buteur du Benfica Lisbonne, Nelson Oliveira pour conclure l'opération "charme" du Stade de la Route de Lorient.

Arrivés sous la forme d'un prêt sans option d'achat en août 2013, les deux joueurs vont garder un goût amer de leur épopée bretonne. Avec 3 buts marqués en 14 apparitions, Silvio Romero a gagné le droit de rentrer en Argentine. Nelson Oliveira s'en est un peu mieux sorti avec 8 réalisations en 36 participations. Mais le Stade Rennais n'a pas fait des pieds et des mains pour conserver l'international portugais. Ce premier essai se transformera en un fiasco sans bruit.  Un mal rennais. 

Comme tout bon normand, l'ancien gardien de but ne pouvait pas se contenter de petites ficelles pour faire de gros nœuds. La bande à John Boye, Dimitri Foulquier et autre Jonathan Pitroipa va se faire un malin plaisir de nourrir les nuits blanches de Montanier. Et la méforme de Julien Féret - banni du groupe professionnel - causera du tort. Au point de flirter dangereusement avec la zone de relégation pendant plus de trois mois au cours de la seconde partie de la saison. Une situation qui conduira François Pineau à effectuer un changement de taille. 

 

Deuxième étape : le remède, à toute vitesse

René Ruello, successeur désigné de Frédéric de Saint-Sernin, a accepté de reprendre la présidence du club en mai 2014 après deux passages dans les années 1990 puis au début des années 2000. Il s'en suit pas moins de onze arrivées pour seulement six départs. Romain Alessandrini boudait depuis une année suite à son vrai-faux départ du côté de l'Olympique de Marseille. Le nouveau président se chargera de lui préparer ses valises pour la Canabière dès le mois de juillet 2014. Symbole du manque criant de professionalisme la saison dernière, Jonathan Pitroipa sera gentiment conduit vers les Emirats Arabes Unis et le club d'Al Jazira FC. 

Cette première étape d'assainissement effectuée, Philippe Montanier prend tout le monde de court en européanisant ses choix. De Mexer à Hosnier en passant par Habibou ou Diagne, les onze recrues du Stade Rennais au cours du mercato estival sont issues de championnats européens de seconde zone. Un moindre mal pour le technicien français qui peut enfin imposer, à moindres frais sa philosophie tactique. Et technique. 

Le résultat ne souffre d'aucune contestation : le Stade Rennais n'a concédé qu'une seule défaite en cinq rencontres (2-0 contre l'Olympique Lyonnais en ouverture du championnat de Ligue 1). Les coéquipiers de Benoît Costil ont également régalé leur public en humiliant Evian sur le score de 6 buts à 2 pour le compte de la deuxième journée de Ligue 1.

Le technicien normand change par touches homéopathiques son onze titulaire. Sur les onze recrues, seuls quatre sont titularisés face au Paris Saint-Germain Gelson Fernades, ancien pensionnaire de Ligue 1 du côté des Verts de Saint-Etienne prend la place de Jean II Makoun. Il sera très vite rejoint par une autre recrue. Edson Mexer, international mozambicain fait très vite oublier l'absence de Jean-Armel Kana-Biyik en défense centrale. Ses interventions propres et ses relances précises font de ce parfait inconnu un bon complément au vétéran Sylvain Armand en charnière centrale. 

Côté attaque, Philippe Montanier se repose sur un nouveau trio. Deux recrues du dernier mercato estival - Sanjin Prcic et Pedro Henrique - sont chargées d'animer les côtés. Ola Toivonen, arrivé en janvier 2014 campe la fonction de tour de contrôle susceptible de pouvoir récupérer les relances hasardeuses de ses coéquipiers. Ces trois hommes sont accompagnés d'un pur produit du centre de formation comme Montanier les aime.

Abdoulaye Doucouré, tout juste 21 ans se révèle comme le nouveau fer de lance du dispositif offensif du onze rennais. Le cousin d'un certain Ladji Doucouré, athlète français spécialiste du 110m haies, va mettre tout en œuvre pour rattraper des parisiens tout heureux d'avoir ouvert le score peu avant la mi-temps grâce à Zoumana Camara (45', 0-1). L'entrée d'un jeune homme de 22 ans va faire pencher la balance du bon côté. Il se surnomme lui-même le "joker luxe". Illustration de l'effet bénéfique de son entrée en 37 secondes. 

La 55ème minute marque l'entrée en jeu de Ntep à la place de Pedro Henrique. Ce dernier fut remuant sur son côté droit mais manque encore d'impact physique. Les deux charges assénées par Edinson Cavani au cours d'actions offensives mais également en phase de repli auront raison de la fébrilité de Pedro Henrique. "PG", comme aiment à le surnommer ses coéquipiers mettra donc moins de quarantes secondes à se mettre en évidence.

Encouragé par Cheikh M'Bengue quelques secondes avant son entrée en jeu, Ntep prend au sérieux son rôle d'ailier en offrant une solution à son meneur de jeu. Doucouré élimine un joueur aux vingt-cinq mètres et décale son coéquipier. "PG" provoque son adversaire direct et déclenche un centre-tir dans le dos de la défense de l'équipe de la capitale. Salvatore Sirigu, sous la pression de Doucouré, n'y peut rien : le ballon fini aux fond des filets (56'). C'est un peu nous deux. Mon intention est de centre devant le but" avoue l'ancien buteur de l'AJ Auxerre. 

Habitué à livrer des frasques plus novatrices les unes que les autres - en témoigne sa tête en mode "Razmoket" effectuée en mai 2014 - , "PG" a visiblement mûri. Il prend désormais à cœur son rôle de dynamiteur au sein de l'effectif rennais. "Je suis un peu le joker de luxe. Quand je rentre, je suis parfois décisif. Parfois pas". 

L'importance de l'international Espoirs français se constate à travers les chiffres. Sur ses neuf derniers matchs, Ntep a marqué à sept reprises. Et si Ntep était le "supersub" de Montanier ?

 

Troisième étape : se méfier des effets 

Cette entrée en jeu va métamorphoser le jeu des rennais. Et donner un coup de fouet à une rencontre bien terne sur le plan des occasions de part et autre et de la vitesse de jeu. 

Zlatan Ibrahimovic avait bien trouvé la barre une minute avant l'ouverture du score de Papus Camara (44') mais la plupart des offensives parisiennes s'effectuèrent sur un train de sénateur. 

Malgré une possession de balle au-dessus des 70 % tout au long du match, le Paris Saint-Germain va se contenter de faire tourner le ballon sans être réellement tranchant. Tombant souvent dans un jeu stéréotypé, les hommes de Laurent Blanc vont laisser les rennais se décontracter. Et croire en leurs chances. 

"C'est vrai que faire des matchs comme ça pour les attaquants, ce n'est pas facile" avouera Ntep. 

"PG" se mettra en évidence une quinzaine de minutes après son égalisation. Bien lancé par Toivonen, le numéro 7 du SRFC déboule sur le côté droit et dépose son compagnon de sprint. Seul dans les quinze derniers mètres, le buteur rennais se heurtera à un Sirigu des grands jours (69'). Un moindre mal pour le Paris Saint-Germain. Mais il faut toujours se méfier d'un monstre en sommeil. 

Philippe Montanier frémira suite à une dernière sortie kamikase de son gardien de but. Trop court sur un coup franc, Benoît Costil éprouve le plus grand mal à revenir vers ses cages. Le meilleur gardien de L1 de la saison 2013-2014 - selon les notes de France Football - tentera un arrêt digne d'un portier de handball pour repousser la tentative d'Ibrahimovic (89'). 

Vainqueur de toutes ses rencontres de Ligue 1 disputées avant les matchs de Ligue des Champions l'année dernière, le Paris Saint-Germain y lâche ses premiers points sous l'ère Blanc. Une contre-performance que Salvatore Sirigu rejette d'un revers de main en livrant une réponse pour faire plaisir aux journalistes en attente d'un aveu de faiblesse. "Oui, c'est un problème." 

L'agacement du portier international italien est compréhensible. Le Paris Saint-Germain n'a pas perdu un match de championnat avant une rencontre de Ligue des Champions depuis... mars 2013. Le dernier revers fut concédé sur la pelouse du Stade de Reims. Ulcéré par les reproches de Nasser Al-Khelaifi, Carlo Ancelotti avait décidé ce jour-là de rendre son tablier d'entraîneur pour rejoindre quelques semaines plus tard le Real Madrid et leur offrira dix mois plus tard la Decima - le gain de la dixième Ligue des Champions pour la Casa Blanca - tant espérée. 

Ces problèmes de riches ne concernent pas Philippe Montanier et les siens. Visiblement heureux d'avoir réussi son coup, Abdoulaye Doucouré s'en est allé d'une Ribéry bien saignante. " (Le PSG) est la meilleure équipe du championnat? On sait qu'ils perdent rarement, surtout quand ils viennent à l'extérieur ou à domicile". 

Et Rennes n'a concédé qu'une seule défaite sur les cinq dernières confrontations contre le Paris Saint-Germain en championnat. Une belle performance pour un club qui ne s'est classé qu'en douzième position du dernier exercice de Ligue 1. Quoi de mieux donc que de débuter le championnat avec une seule défaite sur les cinq premiers matchs de Ligue 1. Belle ironie statistique qui n'a rien d'un dicton normand...

 

MIPS F.M.

 

 

Stop aux mauvaises langues : le public du Stade Rennais est juste... discret - Image : Eurosport.fr

Stop aux mauvaises langues : le public du Stade Rennais est juste... discret - Image : Eurosport.fr

Tag(s) : #Ntep, #Montanier, #Stade Rennais, #Tactique, #Doucouré, #Toivonen, #Blanc, #PSG, #RemèdedeCoach, #Mips FM
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